Episode 4

Nous nous saluâmes brièvement. Je la comptemplais timidement. Mon esprit tentait de fuir mais je l’en empêchais. « Un homme sans passion est comme un roi sans sujet », a écrit Luc de Clapiers Marquis de Vauvenargues. Il avait peut-être raison. Cette passion qui vivait avec force en moi combattait mon immuabilité. L’amour est souvent une sorte d’esclavage. A ce moment j’aurais préféré ne pas tomber amoureux. Aimer c’est souvent accepter de souffrir intensément.
Je sentais que Simone était pressée de partir, de me laisser seul. Je bondis :
-Que dis-tu après lecture de ma note ?
-Je l’ai lue mais je n’ai rien à dire pour le moment… Je vais t’écrire.
-Quand ?
-Demain soir je te remettrai ma réponse ici au lycée. Je dois aller apprendre mon cours maintenant…
-OK, merci. Bonne suite.
Elle partit sans même avoir eu le temps de répondre à mon dernier salut. Après cette petite rencontre en aparté, je partis m’asseoir et réfléchissant. M’accepterait-elle ? Me décevrait-elle ? Je pensais aussi à ma classe sociale. Moi, une hère de Toeghin qui courtise une sirène de… Je ne savais même pas d’où elle venait. Je n’ai pas pu traiter mon exercice d’anglais qui portait sur un texte intitulé « Climate change ». Ce n’était pas grave. Je le ferais le lendemain. Ohh je devais aller le lendemain dans la ville de Sandbondtenga pour voir mon oncle. Je partis me coucher. Je gagnai vite le sommeil. Le lendemain, je pris le car pour Sandbontenga. J’arrivai vers dix heures. Je parcourai vite les concessions de mes parents de la famille maternelle. Je profitais de cette ambiance qui y régnait surtout que je suis en famille maternelle. La famille maternelle semble être plus courtoise et compréhensive chez nous les moosé. Mon téléphone vibra. C’était Samira qui m’appelait. Que voulait-elle encore ? Qu’elle me laissât en paix. J’hésitai et décrochai. Ahhh… Elle voulait des explications en sciences physiques et en grammaire française. Je ne pensais plus à elle. Je ne voyais aucune autre fille si ce n’était Simone. D’ailleurs, j’avais rendez-vous avec elle dans la soirée. Je ne pouvais donc pas dormir à Sandbondtenga. Je devais repartir à Zoetyandé ce soir. Mais quelle astuce devrais-je trouver mon convaincre mon oncle pour pouvoir repartir avant la fin de la nuit ? Comme nous étions réputés être menteurs, je vais user de cela. Je lui expliquai donc que j’avais un travail urgent en groupe et que par conséquent je devais rebrousser chemin. Bouillies pour les chats ! Il fallait que j’eusse menti et que je partisse. Il me remit quelque billet de banque et je disparus sur mon vélo. J’arrêtai un car et je partis avec pour seul but de ne pas manquer à cette occasion de voir ma Simone, la Simone dont j’ai toujours prononcé le nom en présence de Radissi et de Honuara affectueusement appelé Honu. Honu se moquait de moi tout comme Radissi. Mais au contraire, Radissi m’accompagnait voir Simone, mais jamais Honu. J’arrivai donc à Zoetyandé avant la tombée de la nuit. Je me douchais vite et me préparai pour le lycée.
« Je suis sûr que c’est pour voir Simone que tu es revenu si vite sinon tu dormirais chez ton oncle »,, me lança Radissi, qui me connaissait par cœur. Honu prolongeait avec un sarcasme et un rire niais. Je ne pouvais pas mentir. Je les ignorai. Nous partîmes ensemble, tous trois, au lycée. Je devais aller donner d’abord des explications en Mathématiques à un groupe d’élèves se préparant au brevet. Tous étaient amoureux de ma manière d’expliquer les démarches mathématiques si bien que l’on ne parlait et que l’on ne voulait que de mes explications. Je montrais comment était loin d’être complexe le théorème de Thalès de Milet. Quand on connaissait les Mathématiques, il devenait moins rude pour nous autres de s’entourer de belles filles. Mais c’était Simone seule qui m’intressait. Je partis alors la chercher. Je m’arrêtai devant la salle et regardai comme un voleur à l’intérieur. Il était l’heure que je prisse ma réponse. Pourvu que je la prisse, qu’elle fût favorable ! Je ne la voyais pas. S’était-elle levée ? Etait-elle venue ce soir ? Je demandai à une de ses camarades assise dans la salle concentrée sur son cahier.
Rogombaré Daouda KIEMA